Les dépenses publiques (comme privées) sont aspirées par la finance et ne peuvent donc pas recroiser le chemin du remboursement de la Dette
(ni celui des besoins humains voire même de l’économie réelle)
Moins d’argent pour l’état et la santé… beaucoup plus pour les banques, la finance et les multinationales… mais où va tout cet argent ?
On pense souvent que les dépenses publiques profitent aux fonctionnaires et la dette aux financiers ? Pas tout à fait…
On pense souvent aussi que le privé nous coûte moins cher : faux ! :
– ex : la privatisation des sociétés d’autoroutes
– la santé privée aux EU coûte plus cher qu’en France et fonctionne moins bien
– les retraites « privées » par l’utilisation des fonds de pension ne permettent pas de garantir le niveau de vie des retraités.
En France, comme dans la majorité des pays développés, la part des dépenses publiques est légèrement supérieure à 50% du PIB ; ce que comprend le citoyen lambda, c’est que l’on prend 50% des richesses produites (sous-entendu par le privé) pour le donner aux fonctionnaires… c’est faux ! La dépense publique n’est pas une « charge »
1/ Premièrement les études démontrent qu’environ plus du 1/3 des dépenses publiques est directement reversé au privé, exemples :
– la protection sociale correspond à 1/3 du revenu des ménages
– Aux entreprises (ex : les entreprises reçoivent 230 Milliards d’aides publiques !!!)
Les études démontrent qu’environ plus du 1/3 des dépenses publiques est directement reversé au privé grâce :
- 50% prestations sociales aux ménages (retraites, soins, médicaments, allocation chômage…) : (la protection sociale représente 1/3 du revenu des ménages, souvent décrite comme une charge, c’est de l’argent qui sert directement en étant réinjecté dans le privé)
- Aux entreprises (ex : les entreprises reçoivent 230 Milliards d’aides publiques sous forme d’allègement ou d’exonération sociale et fiscale et… sans réelles contreparties ni mesure de l’efficacité)
- Investissement particulièrement utile au moment d’une crise : ex 2011 à 2014 :
- demande du privé : consommation ménages, investissement logement et entreprises : total : -17Md€…
- « dépense de consommation finale » des administrations publiques (PAU) (+ 26Md€ au PIB) et plus 1,5Md€ d’investissement.
Au final l’investissement et la rémunération des fonctionnaires du service public déterminent la puissance économique d’un pays mais augmentent aussi le PIB, le PIB ajouté par l’administration publique (fonctionnaires) représente + 355 milliards au PIB
La dépense publique soutient la moitié des débouchés en France (directement ou indirectement)
(Alors qu’ aujourd’hui les actifs des banques se répartissent entre : 25% prêt entreprises et ménages, 75% placement sur les marchés financiers. )
2/ Deuxièmement l’argent reversé pour rembourser la dette est en quelque sorte une « charge », il repart le plus souvent à l’étranger dans les circuits financiers, loin de contribuer aux besoins et bien être des populations.
– ex : Plans de sauvetage de la Grèce : 77 % des fonds sont allés à la finance [ici]
– Aujourd’hui les actifs des banques se répartissent entre : 25% prêt entreprises et ménages, 75% placement sur les marchés financiers.
– moins de 2 % des opérations financières règlent des opérations économiques réelles. Le reste des opérations (98%)… bref de l’argent qui achète de l’argent…
3/ Troisièmement : le capitalisme financier est devenu LA charge qui pèse le plus sur notre société ; exemple : évolution sur une trentaine d’année :
– Part des dividendes –> + 120 milliards PAR AN
– Salaires : –> – 180 Milliards d’euros PAR AN
Aujourd’hui le « Surcoût du capital » [1] ≈ 100Md€ / an. Cela représente entre 50% et 70% du coût total du capital pour l’entreprise. Quand une machine coûte 100€/an (avec la marge de profit) l’entreprise doit dépenser entre 150 et 170€.
Aujourd’hui l’exigence de rentabilité de la « Finance » est de 15% … contre 3% dans les années 80
[1] le Surcoût du capital c’est :
- dividendes EXCESSIFS non réinvestis
- intérêts EXCESSIFS versés à la finance
– loyers EXCESSIFS (spéculation immobilière… )
– sursalaires des dirigeants
on parle toujours du coût du travail … mais c’est LE SURCOUT DU CAPITAL FINANCIER qui plombe l’activité économique.
L’argent reversé pour le service de la dette repart le plus souvent à l’étranger dans les circuits financiers, loin de contribuer aux besoins et bien être des populations. Les 2/3 des créanciers de la dette sont à l’étranger et les 3 premiers territoires où se trouve la dette sont les iles Caïman, le Luxembourg et le Royaume Uni… (des paradis fiscaux bien connus). Dans ce cas on prend bien une partie des dépenses publiques, mais pas pour les fonctionnaires, ni l’investissement, les salaires ou l’économie « réelle » en général, mais pour alimenter les circuits financiers. Il en est de même pour les dettes privées. Exemple : Plans de sauvetage de la Grèce : 77 % des fonds sont allés à la finance (source : Attac)
Bilan : Le gonflement astronomique des transactions financières s’explique presque uniquement par l’explosion des instruments spéculatifs et non par le financement de l’économie réelle. Ex. : un contrat d’achat sur des matières premières peut être échangé des centaines de fois avant d’être livré.
Ainsi, dans le monde, moins de 2 % des opérations financières règlent des opérations économiques réelles. Le reste des opérations (98%) finance des transactions sur des produits financiers. (François Morin, un monde sans Wall Street ?) .
Ainsi depuis la fin des années 90 globalement, la Bourse ne ponctionne plus – ou autant – de capitaux aux entreprises qu’elle ne leur en apporte. Ce n’est plus une source de financement pour l’économie réelle.
Bref, de l’argent qui achète de l’argent.
*Qu’est-ce que le surcoût du capital ? Définition :
(Institut de recherches économiques et sociales (Ires) et l’Université Lille 1)
- intérêts EXCESSIFS versés à la finance
– dividendes EXCESSIFS non réinvestis
– loyers EXCESSIFS (spéculation immobilière… )
– sursalaires des dirigeants
Définition experte : le surcoût du capital comme « les revenus de la propriété versés par les sociétés non financières à d’autres agents économiques qu’elles-mêmes, moins le risque entrepreneurial, moins le coût de la transformation de l’épargne liquide en prêts (le coût d’administration des dépôts et du crédit, ou coût d’intermédiation). ».

C’est ainsi que l’on observe une envolée de la part des dividendes depuis 30 ans ainsi qu’une baisse de la part des salaires.
2013, les dividendes versés dans le monde aux actionnaires ont pour la première fois dépassé le seuil du billion de dollars (1 000 000 000 000 $),

Selon une enquête du gestionnaire d’actifs Henderson Global Investors (HGI) … la France détient au second trimestre 2014 un double record : elle est le pays dans le monde où la rémunération des actionnaires a le plus augmenté (+30,3%) et le pays européen qui a le plus rétribué ses actionnaires avec 40,7 milliards de dollars (environ 31 milliards d’euros) distribués.
Exemple qui renforce ces effets : le CICE : En 2013, les contribuables français ont donné au groupe Dassault aviations 37 millions d’euros de CICE. En 2013 toujours, le groupe a versé à Serge Dassault, 43 millions d’euros de dividendes.
On entend aussi souvent parler de la « charge » des cotisations qui est de plus en plus lourde. Il est aussi intéressant de comparer l’évolution de la part des cotisations sociales et des dividendes / PIB
La part des dividendes (des SNF Sociétés non financières) dans le PIB est passée de moins de 3 % en 1975 à 9 % : +6 points de PIB au bas mot, soit + 120 milliards /an, tous les dividendes ne sont pas inutiles mais cela ne fait pas vivre concrètement la majorité de la population.(remarque : sur la même période la part des salaires dans le PIB a baissé de 9 pts de PIB soit – 180 Milliards d’euros/an)
Il est aussi intéressant de remarquer que l’envolée des dividendes correspond au ralentissement de l’investissement. : la progression des profits ne sert pas à soutenir l’investissement productif intérieur ou l’économie réelle mais à augmenter les dividendes.
Exemples :
- Arcelor Mittal après avoir fermé Florange a versé 900 millions de dividendes en 2012 malgré une perte de 2,8Md€.
En 2013 Orange a versé 3,6Md€ soit plus de 3 fois le montant de ses bénéfices. En 10 ans Orange a même versé plus que sa capitalisation boursière.
Contre argument : cette augmentation de long terme de la hausse de distribution des dividendes est uniquement liée au fait que les entreprises ont progressivement migré d’un système d’emprunt bancaire vers un système de levée de fonds sur les marchés financiers. Auparavant, elles versaient des intérêts à leurs créanciers, aujourd’hui, elles versent des dividendes à leurs actionnaires (ce qui n’est certainement pas plus mal d’un point de vue entrepreneurial, d’ailleurs)
Mais à l’arrivée, le revenu net de la propriété des sociétés non financières (c’est à dire l’addition capital+intérêts) n’a pas bougé d’un iota depuis… 1974. Les chiffres de l’INSEE le confirment.
1974 : 5,1% du PIB
1984 : 5,2% du PIB
1994 : 5,3% du PIB
2004 : 4,8% du PIB
2012 : 5% du PIB
Source.
RAPPORT ÉCONOMIQUE, SOCIAL, ET FINANCIER 2014 tome II page 78
http://www.economie.gouv.fr/files/plf-2014-annexe2[…]
1- exemple d’un outil de la finance libre : le LBO (Levrage by out) rachat par effet de levier
- la fermeture de Continental dans l’Oise commence avec un LBO, un groupe 10 fois plus petit que Continental emprunte 12Md€ pour racheter Continental
- Montataire : Steel Saxby a subi un LBO, en 2006 il a été racheté par un fond d’investissement américain KKR et par Goldman Sacks,
- L’emprunt est passé de 0,3Md€ à 3Md€ , soit 20 millions d’emprunt à rembourser par mois. Pendant presque 2 ans l’entreprise ne faisait que rembourser les emprunts
- L’entreprise fonctionne non plus pour investir ou pour se développer, mais pour rembourser la dette
- Montataire : Steel Saxby a subi un LBO, en 2006 a été racheté par un fond d’investissement américain KKR et par Goldman Sacks, l’entreprise doit dès lors dégager des marges de bénéfices énormes pour rembourser l’endettement. L’emprunt avant le LBO était de 300 millions, il est passé à 3 milliards, à 20 millions d’emprunt à rembourser par mois. Pendant presque 2 ans l’entreprise ne faisait que rembourser les emprunts mais, pour citer un ancien salarié :« dès lors que l’on avait du travail, personne ne s’inquiétait du montage financier ».
- Malgré des commandes pour encore 1 an et demi et des sacrifices : accepté 39h payées 35 sous la menace type : « vous acceptez ou l’on délocalise l’entreprise », l’usine a fermé en 2012 à -255 emplois.
- en France près de 3 millions de salariés sont menacés par le rachat par LBO. Le but d’un LBO est d’acheter une entreprise, dont on pense qu’elle va prendre de la valeur, pour la revendre rapidement au bout de 1, 2 ou 3 ans, en réalisant la plus forte plus-value possible. Le système d’achat est un système de levier, on veut acheter une entreprise qui coûte 100, on met 10, le reste de l’emprunt ce sont les employés qui financent par la dette. L’entreprise fonctionne non plus pour investir ou pour se développer, mais pour rembourser la dette et est aussi devenue une marchandise dont on cherche à faire gagner le maximum de valeur, comment ?
- Augmentation des gains de productivité (faire plus avec moins) (renforcement et durcissement des rythmes de travail + licenciements = diminution du coût du travail)
- Captation de l’argent de l’État et des collectivités (les contribuables) par la déductibilité des impôts des charges financières liées à l’endettement. Plus l’entreprise est endettée plus elle peut déduire de charges de l’endettement, plus le bras de levier sera important. Il y a là une forme d’assistanat de la rente financière (les plus assistés ne sont pas toujours ceux que l’on croit). C’est aussi un moyen de transfert de la dette privée à la dette publique.
- Puiser dans les fonds propres de l’entreprise. (juste avant le LBO 700 millions, juste après 300 millions)
2- exemple d’un autre joli outil de la finance libre : le « dividend recap » ou « dividend recapitalization »
Endetter l’entreprise pour offrir sur-le-champ de gros dividendes aux actionnaires, sans attendre les dividendes qui pourraient leur être servis annuellement en fonction des résultats financiers de l’entreprise.
Ex : une PME de la Sarthe, FPEE
L’histoire commence avec trois fonds d’investissement habitués aux jongleries financières mais jamais inquiétés ni sanctionnés. Atria/Naxicap (filiale de Natixis) Pragma et Equistone. Début des années 2000, l’entreprise qui était en fort développement effectue une restructuration du capital et cède 70% aux 3 fonds d’investissement, cette alliance avec les fonds d’investissement semble être bénéfique pour tout le monde. Les fonds d’investissement ont gagné en moins d’une décennie plusieurs fois leur mise et ont récupéré pas loin de 110 millions d’euros.
Mais à l’évidence, les fonds sont insatiables et organisent en 2014 un « dividend recap » :
Alors que le contexte économique est désastreux le but est de faire contracter un emprunt de 200 millions d’euros à l’entreprise, 70 rembourseraient une dette antérieure mais 130 Millions d’euros de dividendes serviraient sur-le-champ aux actionnaires. Le PDG et le fondateur de la société s’opposant à cette décision ont été démis de leur fonction. Pour de longues années l’entreprise est contrainte à préempter l’essentiel des bénéfices à venir pour rembourser une dette insupportable.
Progression annuelle moyenne des salaires 1998 à 2005 :
– 90% des salariés : + 0,4%
– 0,01% des salariés : + 6% (travaux de Camille Landais).
Ce type de pratique est un exemple parmi d’autres de la libéralisation financière qui a été décidée et installée progressivement depuis les années 80. Des propositions pour interdire ce type de pratique ont été systématiquement rejetées.
Bilan :
- 2014 le patrimoine des 80 plus grands milliardaires > patrimoine de la moitié de la population mondiale…
– Dette mondiale : 200 000 Md$ 286% du PIB mondial
- l’argent qui achète de l’argent ne rembourse pas une Dette et ne concourt même plus à « l’économie réelle »
Bon, c’est bien mais maintenant on fait quoi?